Calendrier de l'avent 2022

16 décembre 2022

Les préparatifs suivirent leur cours. Le marché de Noël se rapprochait à grands pas. Marie-Cannelle ne disposait plus de beaucoup de temps libre. Liam passait du temps à la boutique pour l’aider. Il fallait terminer de réorganiser le magasin, installer les décorations, préparer les gourmandises…

La musique de Noël animait l’air d’un scintillement festif.

— Cette table, tu veux la mettre où, MC ?

— Elle va dans l’alcôve, à droite. On y mettra les guirlandes… Oh mon dieu, les guirlandes ! Liam, quelle heure est-il ?

— Presque treize heures. Tu fais bien de m’y faire penser ! Je vais aller chercher ce qu’il faut pour le déjeuner !

— Oh là là, je n’avais pas surveillé, il faut que je passe chez Gabriel chercher les biscuits et récupérer aussi les fruits chez le primeur. Ils ont dû arriver ce matin.

Liam regardait son amie marcher de long en large dans la boutique, réfléchissant à ce qu’il lui restait à faire. Elle comptait sur ses doigts en même temps, recommençant à intervalle régulier. Puis elle monta rapidement à l’étage et redescendit une poignée de minutes plus tard. Elle avait enfilé son manteau, entouré son cache-nez autour de son cou et son sac était attaché sur son dos.

— Je file ! On se retrouve dans une demi-heure pour déjeuner ? En revanche, il faudra faire vite !

— MC, vite pour quoi ? Je ne comprends vraiment pas. Tu t’agites depuis tout à l’heure, sans raison. Explique-moi !

— Il nous reste moins d’une heure ! On n’a pas le temps de traîner, sans quoi on ne sera pas prêts à temps. Et de toi à moi, essaie de te reposer, ça va être un débarquement !

Sans plus d’explications, elle enfourcha son vélo auquel était attelé une petite cariole et se dirigea à un rythme intense vers la boulangerie de l’île. Gabriel l’attendait.

— Ah, tiens ! Caramel, tu as enfin retrouvé l’adresse ?

Marie-Cannelle sourit à son ami.

— Je ne fais que passer, je viens récupérer les biscuits.

Gabriel haussa les épaules et se détourna d’elle, sans un mot. Il récupéra deux plaques sur lesquels des lunes aux noix et des étoiles à la cannelle attendaient. Il prit ensuite le temps de les placer dans des boîtes de pâtisserie.

— Tu en as environ deux kilos. Je pense que ça devrait suffire. Profite bien de ton après-midi, puisqu’à eux, tu leur accordes du temps…

— Mais… Tu boudes ? Qu’est-ce qui se passe ?

Gabriel lui fit face d’un seul coup. Son regard trahissait un mélange de tristesse et de colère. Il allait commencer à parler puis secoua la tête et détourna le regard. Il soupira et commença à lui parler, dos à elle.

— Tu ne viens plus. Je n’ai que peu de message ou d’appel depuis près de deux semaines. Tu passes ton temps à la boutique et ensuite tu disparais on ne sait où. Je suis passé plusieurs fois à la maison de Mélie, je ne t’y ai pas vue. Je sais que tu n’as pas de compte à me rendre, mais tu me manques ! Tu as même loupé notre dernière soirée. Ça n’était jamais arrivé. Que se passe-t-il Caramel ? C’est la fermeture de la boutique qui te perturbe tant que ça ?

Marie-Cannelle était abasourdie. Elle ne comprenait pas les reproches qui s’abattaient soudain sur elle.

— Je… Je ne sais pas. Je suis désolée pour notre soirée, je suis très occupée en ce moment, tu sais… Entre la boutique, les festivités et Liam, je n’ai plus de temps pour rien.

Gabriel sursauta.

— Liam ? Qu’est-ce qu’il a à voir dans cette affaire ? Je croyais que c’était juste une connaissance…

— J’aurais dû t’en parler avant, mais pour tout te dire, Liam et moi…

— Ah. Eh bien, tu salueras Môsieur Liam pour moi… Tiens, tes biscuits. À bientôt, Marie-Cannelle.

Sans un mot de plus, Gabriel quitta la boulangerie pour trouver refuge dans l’atelier, à l’arrière. Marie-Cannelle, à son tour, quitta les lieux, surprise et attristée. Mais ce n’était pas le moment de s’appesantir sur ces faits. Le temps s’écoulait à toute vitesse et elle ne devait pas tarder à rejoindre le Bazar de Mélie.

Après un crochet rapide par le primeur, qui plaça dans sa cariole une quantité importante d’agrumes, elle rejoignit sa boutique. Liam l’y attendait.

— Bon, tu m’expliques, lança-t-il, alors qu’il l’aidait à sortir les fruits pour les placer sur une table dans la boutique.

— Tu sais bien ! C’est cet après-midi que les enfants viennent avec la classe d’Érine !

— Mais non, je ne savais pas !

— Oh, j’ai dû oublier de t’en parler. Mais s’il te plait, reste avec moi ! Tu ne seras pas de trop, loin de là !

Peu avant quatorze heures, on entendit un joyeux brouhaha venant de la rue. Puis des manteaux de toutes les couleurs, des bonnets et des écharpes apparurent dans la vitrine. On n’apercevait à peine les yeux rieurs sous les multiples couches de protection.

Le carillon résonna et le brouhaha se déplaça de la rue à la boutique. Érine souriait, entourée d’une bande de joyeux lurons hauts comme trois pommes.

— Bonjour tout le monde ! les accueillit Marie-Cannelle. Vous pouvez enlever vos manteaux et les placer sur le grand porte-manteau dans l’angle, là-bas. Ensuite, je vous propose de vous assoir sur le grand tapis pour que je vous explique le programme.

Après un petit chahut, les parents parvinrent enfin à faire retirer les manteaux et les divers accessoires chargés de tenir éloignées les maladies. Les charmants enfants s’installèrent sur le tapis et Marie-Cannelle entreprit de leur donner quelques explications.

— Aujourd’hui, nous allons commencer les premières étapes de la réalisation des guirlandes d’oranges et de citron. Il va falloir trancher les agrumes délicatement et les placer sur des plaques pour les faire cuire au four. Nous les attacherons jeudi sur de jolis fils, avec des bâtons de cannelle et des étoiles. Est-ce-que ça vous dit ?

La joyeuse troupe lança des cris de joie. Et les ateliers furent installer. La boutique s’emplit d’un parfum d’oranges. Les visages des enfants changèrent. Les sourires disparurent au profit d’une intense concentration. Les tranches étaient d’épaisseurs aléatoires mais ils y mettaient tout leur cœur. Du jus coulait parfois sur le sol, malgré les protections installées sur les tables. Mais, fort heureusement, tout se déroula pour le mieux. Chaque enfant était responsable d’un agrume et il déposait, dès qu’il avait coupé les tranches, leur réalisation sur une plaque allant au four. Marie-Cannelle s’occuperait ensuite de les faire cuire à basse température.

Bientôt, tout le travail avait été fait. Marie-Cannelle avait demandé à Liam de superviser la suite des opérations, lui tendant le recueil des contes de Noël que lui lisait Mélie lorsqu’elle était petite. À la vue du visage dépité de son assistant d’un jour, elle lui envoya de loin un baiser pour lui donner du courage tandis qu’elle montait à l’étage préparer « les choses sérieuses » comme elle l’avait annoncé aux enfants. Il s’agissait de mettre à cuire le chocolat chaud et de préparer les plateaux de biscuits.

Malheureusement pour Liam, les enfants ne tenaient plus en place et il fut particulièrement difficile de canaliser les énergies. Les contes demandaient trop de calme et il improvisa un concours de chants, avec l’aide d’Érine.

Enfin, il fut temps de passer au goûter. Les réalisations de Gabriel eurent un grand succès, de même que le chocolat de Marie-Cannelle. Et comme par magie, le silence se fit dès lors que les bouches furent chargées de douceurs et les estomacs pleins.

L’après-midi avait été une belle réussite. L’ambiance joyeuse permis à Marie-Cannelle d’oublier, au moins temporairement, son accrochage avec Gabriel. Il y avait aussi eu quelques moments amusants, comme lorsque Jade et Pierrick improvisèrent un concours de grignotage de citrons. Ou quand les enfants découvrirent qu’on pouvait mettre des chamallows au bout de ses doigts pour les manger ensuite à la chaîne. Et lorsque la petite troupe quitta la boutique, après une ultime bataille pour rhabiller tout le monde, et de préférence avec les mêmes affaires avec lesquelles chacun était arrivé, Érine était ravie. Et le jeune couple, lui, soupira de soulagement.

— Ce n’est quand même pas de tout repos, une classe comme ça ! Je tire mon chapeau à la maîtresse. C’était rigolo mais je ne ferais pas ça tous les jours, lança Liam en se laissant tomber dans le canapé, à l’étage de la boutique.

— Je crois que ma grand-mère aurait adoré voir toute cette animation dans sa boutique. Mais je te rejoins, c’est épuisant !

Marie-Cannelle, éreintée, vint s’asseoir aux côtés de son nouveau compagnon et s’endormit bien vite…

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